07/08/2008

Bientôt des biocarburants plus écologiques ?

Le 17 juillet 2008, à la suite de nombreuses ONG et de l'ONU, c'était au tour de l'OCDE de dénoncer l'usage de produits agricoles alimentaires pour fabriquer des carburants. L'éthanol maïs exige trop d'énergie, trop d'eau, trop de terrains et permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de seulement 20% par rapport à l'essence. L'éthanol canne à sucre atteint quant à lui, une réduction de 85% voire de 100% des GES si les résidus sont utilisés pour produire de l'électricité, mais se heurte aux barrières douanières. Dans son rapport l'OCDE dénonce une politique d'aides publiques avant tout destinée à financer le lobby agricole (USA, PAC européenne) et peu préoccupée par l'impact environnementale de ces programmes.

Le rapport conclut : "Pour réduire l'usage des carburants fossiles, il vaut mieux investir dans la réduction de la consommation et abandonner les carburants alternatifs".

fabrication des biocarburants de 1ere génération

L’utilisation de produits agricoles pour produire des biocarburants, de la chaleur ou de l’électricité offre aux agriculteurs un nouveau débouchés qui, de par son actuel développement et les formidables perspectives qu’il laisse entrevoir, peut avoir des incidences considérables sur les marchés. Comme cette problématique relève avant tout de l’action publique, les travaux consacrés par l’OCDE à la bioénergie ont essentiellement pour but de comprendre les choix publics opérés dans ce domaine et à en évaluer les conséquences.

Lire le dossier complet de l'OCDE

Voir aussi : Le recyclage des huiles usées.


Les carburants de seconde génération :

Alors que les biocarburants de première génération ont déclenché une crise alimentaire mondiale, et font dèjà ressentir leur impact sur l'accélaration de la déforestation (Brésil, Colombie, Indonésie, Malaisie...etc), de nouveaux carburants de synthèse issus de déchets organiques ou d'autres biomasses ouvrent peut être une voie durable aux carburants de synthèse. Depuis 2006, l’INRA travaille à mettre au point de nouveaux procédés de production de biocarburants à partir de plantes entières pour valoriser la lignocellulose plutôt que d’utiliser seulement les graines ou les tubercules. Les bilans énergétiques très faibles - 1,2 pour la filière bioéthanol et 2,5 pour la filière huile biodiesel - sont attendus à un niveau de 3 à 5 unités d’énergie par unité consommée pour les nouvelles générations d'agrocarburants.

processus de fabrication des biocarburants seconde génération

La filière des déchets cellulosique :

Plutot que de produire l’éthanol à partir de Maïs, il est possible de le fabriquer à partir de déchets de bois. L'entreprise québécoise Enerkem vient de lancer une usine capable de fabriquer de l'éthanol cellulosique (biocarburant de seconde génération) à partir de bois issus de poteaux électriques destinés à la destruction. Dans un premier temps, 5 millions de litres d'éthanol cellulosiques seront produits. Ce recyclage chimique des déchets en éthanol pour les voitures est une solution durable et économique.


Un nouveau procédé franco-américain pour extraire la cellulose :

La société Biométhodes et Virginia Tech ont déposé le brevet d'une méthode économique et peu polluante pour fabriquer de l'ethanol à partir de biomasse non alimentaire. Les procédés actuels d'extraction à haute température (300 degrés) de la cellulose contenue dans la biomasse consomment beaucoup d'énergie et détruisent les enzymes nécessaires à la fermentation alcoolique. Ces enzymes très couteux à produire double actuellement le prix de l'éthanol cellulosique. Le nouveau procédé d'extraction de la cellulose utilise de l'acide phosphorique à basse température qui préserve l'activité des ensymes naturels.


Le butanol ou alcool butylique : Le carburant idéal ?

L’éthanol est un solvant volatil toxique, difficilement miscible à l’essence, et beaucoup cherchent déjà sont remplaçant. Le challenge consiste à fabriquer à partir de composés cellulosiques un carburant bon marché, facile à mélanger avec l'essence dont la synthèse sera non polluante et peu émettrice de CO2. En plus, pour être adapté au parc automobile, ce nouveau carburant devra offrir un indice d'octane proche de 96, celui de l’essence...

Le bio-butanol est le carburant de synthèse qui s'approche le plus de ces exigences. Il fait actuellement l'objet de nombreuses recherches pour améliorer son processus de fabrication. Les matériaux de base, la cellulose extraite de déchets de biomasse (branches, paille, bagasse, résidus agricoles...) est traitée par des bactéries spécialisées qui la transforment en alcool primaire.

La société française Metabolic Explorer, entreprise de chimie biologique est rentrée en juin 2008 en phase de pré-production d'un butanol de synthèse.

Ethanol : Formule chimique C2H5OH
Bitanol : Formule chimique C4H9OH


Des algues, des champigons et des bactéries :

Les biocarburants de troisiéme génération pourraient utiliser la biomasse de micro-algues cultivés en citernes. Des champignons et des bactéries fourniront les cellulases (ensymes) nécessaires au processus de dégradation qui permet d'extraire la cellulose de la biomasse végétale.

Le parlement européen réduit la part des carburants verts de première génération

Le 11 septembre 2008, les députés européens ont voté un texte qui limite la part des agrocarburants de 1er génération dans le programme des énergies renouvelables, au profit de ressources plus écologiques comme l'éolien, le solaire, l'hydrogène ou l'utilisation de la biomasse. La commission de l'industrie et de l'énergie du Parlement européen dans le débat sur le «paquet» climatique a toutefois validé l'objectif d'intégrer au moins 10 % d'énergies renouvelables dans le carburant consommé pour les transports à l'horizon 2020, mais les conditions deviennnent restrictives pour les agrocarburants réalisés à partir de produits agricoles.

1. Pas de concurrence carburant / nourriture : 40% des agrocarburants devront provenir d’autres sources que les cultures alimentaires. Il s'agit donc de carburants 2em génération réalisés à partir de déchets de biomasse ou de culture d'algues.

2. Evaluation prévue en 2014. Les 10% pourrait être à la baisse.

3. Les agrocarburants devront réduire la quantité de gaz à effet de serre de 45% et non de 35% par rapport aux carburants fossiles. Ce chiffre a été porté à 45%, et à partir de 2015, ce chiffre passe à 60%.

4. La réaffectation des sols sera prise en compte pour le cacul du bilan CO2 à partir de 2012.


Fin progressive de la détaxe des carburants verts dès 2009

Vendedi 27 septembre 2008, le gouvernement a présenté le projet de loi de finances 2009. Des économies seront réalisées par la refiscalisation des biocarburants. Les esters métyliques d'huile (végétale ou animale) qui bénéficient aujourd'hui d'une réduction de la TIPP (Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers) de 0,22 euro par litre, seront progressivement refiscalisés dès 2009. La remise sera totalement supprimée en 2012. Les alcools éthyliques (E85) incorporés ou non aux supers bénéficient actuellement d'une remise de 0,27 euro sur la TIPP, elle sera nulle en 2012.

Octobre 2009


L'Ademe soutien la politique du gouvernement en matière d'agro-carburants. Réalisé par un cabinet d'audit privé, le dossier a été retiré en raison des nombreuses protestations. Le site Rue 89 en a conservé un exemplaire. Ainsi l'ADEME cautionne la politique agricole productiviste de la France responsable d'un futur désastre sanitaire annoncé, comme c'est le cas aujourd'hui même en Bretagne.

5 commentaires:

  1. Très intéressant ton article Jess. je savais déjà pas mal de choses sur les biocarburants (style qu'ils étaient en concurence direct avec l'alimentation, qu'en plus il n'était pas si positif pour ce qui étrait de l'effet de serre mais là c'est bien précis et tout et tout !!! Les trois générations existantes d'ethanol. Je savais que l'on pouvait en faire sans utiliser de matière alimentaire et il me semble même que j'avais déjà entendu parler de ces algues prometteuses ! Je suis très intéressé par tout ce qui touche l'écologie, entre autre !!! Mais j'en ai tout de même appris pas mal et j'ai trouvé ça très intéressant !!! Encore BRAVO pour ton article, amicales pensées, au plaisir de te lire et d'ici là tout de bon pour toi et ceux que tu M ...

    PS : je te mets l'adresse de mon blog si ça te dit d'aller y faire un tour, je parle de qlqs trucs écolo !!! http://sanka7279.eklablog.com/

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  2. connaissez vous une marque de bioéthanol issue du traitement de déchets verts que je pourrai utiliser pour ma cheminée !

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  3. je cherche un bioethanol issu du traitement des déchets biologiques
    pouvez vous me donner une marque

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  4. Bonjour,

    Je me permets de vous contacter car nous venons de lancer un débat sur les biocarburants qui pourrait sûrement vous intéresser, et je vous convie donc à y prendre part afin d'exprimer votre point de vue et faire progresser le débat :

    Faut-il continuer à développer la production des biocarburants ? (http://www.newsring.fr/planete-sciences/947-faut-il-continuer-a-developper-la-production-des-biocarburants)


    Pour participer, il suffit de se connecter sur le site (à l’aide de Facebook, Google+ ou LinkedIn) et de cliquer sur “contribuer au débat”. Nous pouvons également vous créer un compte indépendant des réseaux sociaux si vous le souhaitez.

    Si vous avez des questions, n'hésitez pas à me recontacter.

    Bien à vous,

    --
    Jérémy
    Community Manager Stagiaire à Newsring.fr

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    Twitter : @Newsring_fr

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  5. Anonyme27/11/12

    Première mondiale !!!

    Deinove a annoncé jeudi 13 septembre 2012 avoir produit du bioéthanol de deuxième génération à partir d'une bactérie et de la biomasse.

    Une souche de bactéries appelées déinocoques est capable de produire de l'éthanol à partir d'une biomasse végétale à base de blé (3% d'alcool) sans l'ajout habituel d'enzyme ou de levure.

    Cela faisait plusieurs années que la société du sud de la France, qui a déposé des brevets en 2009, cherchait à obtenir du biocarburant grâce aux déinocoques.

    Les biocarburants de 2e génération désignent l'éthanol ou le biodiesel utilisant des déchets ou des végétaux non comestibles par l'homme, par opposition à la première génération, qui utilise les céréales, des plantes sucrières ou des oléagineux pour faire du carburant.

    Cette percée technologique intervient alors que le ministre de l'Agriculture a annoncé une pause de la France dans les biocarburants de première génération, accusés de participer à la flambée des cours des céréales

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